Le patron de Firefox chez Mozilla, Mark Mayo, s’est exprimé sur la version 57 de son navigateur, également baptisée Quantum. Le logiciel libre revient avec une nouvelle version « intelligente », pour contrer Chrome.
« Nous ne sommes plus le meilleur navigateur web depuis quelques années », concède d’entrée de jeu Mark Mayo, grand responsable de Firefox chez Mozilla. Mais l’éditeur de logiciels libres, à but non lucratif, veut reprendre la tête du classement avec sa nouvelle arme de navigation massive : Firefox Quantum. Cette version totalement nouvelle, baptisée en référence à la série culte des années 1990, Code Quantum, a nécessité la réécriture de 6,8 millions de lignes de code, soit les trois quarts du logiciel.
Autant dire que Firefox n’a plus grand-chose en commun avec son ancienne mouture, très critiquée pour son manque d’agilité lorsque l’internaute avait plusieurs onglets ouverts. Plus rapide et plus intelligent, Firefox Quantum est capable de gérer les ressources du processeur et de la mémoire vive pour en utiliser le strict minimum, et sait prioriser les onglets selon qu’ils sont affichés au premier plan ou non. « Firefox sait aussi estimer la priorité d’un onglet en fonction du type de contenu, et nous sommes les seuls à le faire », assure Mark Mayo.
Google, Microsoft et Apple affûtent leurs armes
Firefox conserve son ADN : le respect absolu de la vie privée. « Il faut que les gens choisissent leur navigateur web comme ils choisissent de la nourriture saine », rêve Mark Mayo, qui veut reconquérir rapidement 20 % de parts de marché dans le monde, contre 15 % aujourd’hui. Mais il sait que son ennemi, la fausse gratuité, est difficile à battre. C’est bien connu, si un service en ligne est gratuit, cela signifie que l’internaute est le produit, et que ses données personnelles vont être exploitées et revendues. C’est notamment la spécialité de Google avec ses services Gmail, Drive ou encore Docs, qu’il optimise pour son navigateur Chrome, afin de contrôler 100 % de l’expérience utilisateur.
En parallèle, Mozilla et Google conservent un accord commercial majeur : le moteur de recherche est installé par défaut dans Firefox pour la plupart des utilisateurs (sauf Russie et Chine notamment), moyennant un gros chèque pour Mozilla. « Le moteur de recherche et le navigateur Chrome sont des divisions séparées chez Google, et nous pouvons tout à fait être partenaires dans un domaine et concurrents dans un autre, c’est une pratique habituelle sur de nombreux marchés », assure Mark Mayo, qui évoque les relations entre Samsung et Apple, le premier étant à la fois le premier concurrent de l’iPhone et l’un des sous-traitants essentiels pour la fabrication du smartphone de la marque à la pomme.
Google Chrome n’est pas le seul adversaire de Firefox. Après la débâcle d’Internet Explorer, Microsoft profite de Windows 10 pour pousser son navigateur maison, Edge : une attitude « décevante », pour Mark Mayo, qui préférerait que les utilisateurs de Windows 10 aient vraiment le choix. Mais c’est encore pire chez Apple, qui bloque carrément la version complète de Firefox pour iOS, donc pour les iPhone et les iPad, afin de favoriser son logiciel Safari. La situation est donc explosive, et l’arrivée de Firefox Quantum pourrait bien être le signal de départ pour une nouvelle guerre des navigateurs.